Source RFI 12/07/2024
Alors que la France est toujours dans l’incertitude politique et dans l’attente d’un nouveau gouvernement, l’exécutif sortant ne fait pas que gérer les affaires courantes. Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a acté jeudi 11 juillet une nouvelle coupe dans les dépenses publiques de cinq milliards d’euros supplémentaires. Avec toutes les mesures engagées, le gouvernement prévoit jusqu’à 25 milliards d’euros d’économies juste pour cette année 2024, par rapport à la loi de finances initiale.
Jusqu’à présent, la France visait 20 milliards d’euros d’économies en 2024, dont 15 ont déjà été « exécutés », selon Bruno Le Maire. Il restait 10 milliards d’euros d’économies à trouver, dont quelque 5 milliards d’euros d’économies ont été « notifiés » jeudi aux ministères par cette annonce du ministre de l’Économie. Deux autres milliards d’euros d’économies vont aussi être demandés aux collectivités locales, et les trois milliards d’euros restants devraient être dégagés par une taxation des rentes plus efficace sur les énergéticiens, a expliqué le ministre jeudi.
« C’est ma responsabilité pour maintenir l’objectif de 5,1% de déficit public en 2024 », justifie-t-il, en rappelant ce cap fixé au printemps par le gouvernement. Une telle baisse des dépenses publiques en un an seulement est inédite en France, souligne Éric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : « On a déjà connu des périodes d’austérité importantes. En 2011-2014, les pays européens, dont la France, se sont engagés dans cette austérité, mais un [tel] effort structurel sur la dépense publique n’a jamais été fait en France. »
Après la crise du Covid-19, notamment, le déficit public de la France s’est creusé pour atteindre finalement 5,5 % du PIB en 2023, bien au-dessus de la limite des 3 % fixée par l’Union européenne.
Bruxelles devrait ainsi ouvrir officiellement mardi 16 juillet une procédure pour déficit excessif (PDE) contre la France et six autres pays européens comme la Belgique, l’Italie ou encore la Pologne. Cette procédure peut en théorie aboutir à une amende, si les pays concernés ne réagissent pas. Bruno Le Maire, agite cette menace pour justifier cette baisse massive des dépenses publiques.
Mais un nouveau gouvernement pourrait revenir en arrière dans quelques semaines ou défendre des choix différents, comme augmenter certains impôts, pour tenter de redresser les comptes publics.
Le ministre de l’Économie a d’ailleurs de nouveau critiqué le Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête aux élections législatives dimanche 7 juillet. Selon lui, le programme du NFP représente un danger « vital » pour la France. Les hausses d’impôts sur les revenus les plus élevés prévues dans le programme « s’approchent du vol », a-t-il assuré lors d’un point presse par téléphone.